e conte populaire croustillant que toute la France connaît n'est pas provençal, mais languedocien, et même très précisément audois !

Repris par Alphonse Daudet dans "les lettres de mon moulin", il est en fait issu d'une vieille tradition de contes occitans, qui se transmettaient oralement, de génération en génération. Arrivé aux oreilles d'Achille Mir, poète et insituteur de la petite commune de Cucugnan dans les Corbières (eh oui, ce village existe pour de bon !), celui-ci décida de coucher sur papier en occitan l'histoire du "curat de Cucunhan". Daudet reprit cette version, la traduisit en français, et la rendit célèbre !

Mais passons aux choses sérieuses, l'histoire du facétieux abbé Marti...

L'abbé Marti en avait assez que ses fidèles n'assistent point à ses messes dominicales et se conduisent de manière impie, et il demanda à Dieu, qu'avant de mourir, il l'aide à faire revenir ses brebis égarées au bercail.

Dieu lui donna un tuyau, et un jour qu'il montait en chaire, l'abbé Marti raconta à ses ouailles l'histoire suivante :

Quelques nuits auparavant, il s'était retrouvé aux portes mêmes du Paradis ! Saint Pierre lui ouvrit, et il lui demanda, si par hasard, dans le grand registre des entrées au Ciel, ne figurerait pas quelque cucugnanais.

Saint Pierre jeta un oeil dans le grand livre, mais n'y trouva pas une âme. Pour tranquiliser un peu le pauvre curé, il l'envoya au Purgatoire. Là, il trouverait certainement une grande partie de la population.

Mais à sa grande surprise et à son grand désespoir, les pages de Cucugnan dans le grand registre du Purgatoire étaient elles aussi toutes blanches ! Ne supportant pas l'idée que si ses fidèles ne sont pas au Ciel ni au Purgatoire, il ne puisse y aller lui-même, il se rendit donc en Enfer.

Là, terrifié, il découvrit l'Eloi, et le Catarinet, le mendiant, et puis Pascal Doigt de Poix, qui fabricait son huile avec les olives de Mr Julien, ... il continua à égrainer ainsi la liste des noms de tous les cucugnanais et toutes les cucugnanaises qui passaient leur "autre vie" là-bas en Enfer, à cause de leur "mauvaise vie" sur Terre.

Depuis son pupitre, l'abbé Marti indiqua à ses ouailles ébahies mais bien peu nombreuses qu'il avait pris une grande décision, qu'il la confesserait à tous.

Mais il établirait des tours, le lundi aux anciens, le mardi aux enfants, etc... Les présents devraient en informer toute la population.

Après avoir réalisé un nettoyage général durant cette semaine, le brave abbé récupéra enfin ses fidèles, et pour célébrer sa réussite, il organisa le dimanche suivant une grande procession avec moults cierges et chants, à travers les rues de Cucugnan...

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... Et il est toujours intéressant de savoir que Cucugnan se trouve au pied du château de Quéribus, un des Cinq Fils de Carcassonne. Le village possède en outre une curiosité quasi unique : une petite statue de la Vierge Marie enceinte dans l'église du village. Décidément, les Cucugnanais ont une vision toute personnelle de la religion...

 

 

 

 

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